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08.08.2023«Crans-Montana devrait pratiquer une vraie diplomatie culturelle»

Francois_barras

Diplomate hors pair, François Barras est un acteur incontournable de la vie sociale et culturelle sur le Haut-Plateau. Même retraité, le président de l’association Swiss Made Culture n’a pas fini de s’engager pour le rayonnement de la commune de Crans-Montana.

Son Excellence était de naissance voué à l’excellence. Fils de Gaston, alias Monsieur Golf ou Monsieur Crans, François Barras, 71 ans, a de qui tenir, avec ce père qui fut connu loin à la ronde pour son sens du travail bien fait, tant dans les affaires qu’au golf ou en politique. «Mes parents sont tous deux nés ici, explique l’ancien diplomate, ma mère à Crans, mon père à Montana. Lui était originaire de Chermignon. Elle de Lens. Je suis donc un indigène à 150%.»

S’il a grandi ici et qu’il y vit aujourd’hui, François a vécu de nombreux envols. Pour suivre le collège à Sion, l’Université en droit à Genève, avant de passer une maîtrise en anthropologie à Virginia USA, prémices d’un doctorat londonien. Chapitre professionnel, après avoir passé le concours du Département Fédéral des Affaires Étrangères (DFAE) sur le conseil d’un ami, on le retrouve aux quatre coins du monde: Berne, Tel Aviv, Washington, Mexico, Émirats Arabes Unis, Hong Kong, Macao, New York et Beyrouth, capitale d’un Liban dont il est l’un des plus fins connaisseurs. Mais là encore, les racines ne sont pas innocentes. «À plusieurs reprises au cours de ma carrière, des gens rencontrés à Crans-Montana m’ont été d’une aide précieuse. Notamment pour être admis dans des sociétés complexes, comme en Israël, ou très fermées, comme chez les Émiriens.»

Et d’ajouter, sur le ton de la confidence: «Je suis à la fois complètement d’ici, et ce à toutes les strates de mon parcours, mais aussi souvent d’ailleurs, comme en témoignent ma carrière et de nombreuses amitiés à l’international. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est un peu le résumé de ma vie.»


La culture en étendard

Président de Swiss Made Culture, qui organise une vingtaine de rendez-vous annuels sur le Haut-Plateau, François Barras a toujours voué une attention particulière à la culture dans sa carrière. Il fut en charge des affaires culturelles à Washington, puis chef de la section Culture et UNESCO au DFAE. Aujourd’hui, il préside l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes à Genève.

«Lors de mes années libanaises, précise-t-il, j’ai soutenu près de 300 manifestations. Par rapport à la politique pure qui implique un rapport de force, la culture, elle, postule une égalité. Des musiciens du Liban, d’Afrique ou de Suisse vont ainsi se comprendre immédiatement. C’est pourquoi j’ai toujours cru au pouvoir de la diplomatie culturelle, que j’ai d’ailleurs pratiquée chaque fois que j’en avais l’occasion.»


La locomotive golf

Plus tard dans la conversation, lorsqu’il évoque la richesse des atouts culturels de sa commune, François Barras se fait le chantre de cette carte de visite: «Crans-Montana dispose d’un agenda culturel très conséquent, mais devrait pratiquer une vraie diplomatie culturelle. Aujourd’hui, lorsqu’on choisit son lieu de résidence, cet aspect de la vie sociale arrive souvent en tête dans la motivation des acheteurs. Or nous n’avons pas chez nous de politique culturelle proprement dite, ni de délégué culturel - avec l’ancien chef du service cantonal de la culture, Jacques Cordonier, je participe du reste à une réflexion sur ce sujet avec nos autorités. Il nous manque peut-être aussi un événement culturel majeur qui donne une couleur à Crans-Montana, comme le Festival de musique classique le fait pour Verbier, ou le Festival Unplugged de musique acoustique pour Zermatt. Pour l’heure, et le président de la Fondation Gaston Barras que je suis ne peut que s’en réjouir, cet atout promotionnel no1 reste encore et toujours le golf!»


Urbanités montagnardes

Quand on lui demande de jouer les ambassadeurs de Crans-Montana pour un visiteur potentiel qui n’en connaîtrait que le nom, François Barras ne se fait pas prier: «En Suisse, nous sommes la seule station qui n’est pas dans une vallée et entourée de montagnes. Ici, c’est un plateau et on bénéficie d’une ouverture immense, comme sur le pont d’un bateau. On a le ciel, la lumière, les nuages, le vent, toutes choses qui modifient chaque jour notre décor. Il n’y a rien d’écrasant à Crans-Montana. Et l’étendue de la commune nous permet de découvrir des étages écologiques très différents. La nature est omniprésente, mais on n’en jouit pas moins d’une vie urbaine très agréable avec deux stations complémentaires. Voilà qui est rare et précieux, et nous donne un avantage unique en regard d’autres stations connues.»

Le président d’association Swiss Made Culture ajoute en outre une note poétique à sa définition du Haut Plateau: «Les balades, le golf, le ski, sont notre point fort, mais personnellement, c’est le mot flâner qui me vient à l’esprit lorsque j’évoque mon chez-moi. Presque tous les jours, je grimpe sur les hauteurs ou je suis le cours d’un bisse. J’ai besoin d’avoir tous mes sens en éveil - ce qui est le cas ici - pour me ressourcer. Je pense que cela peut être le cas de tous nos hôtes.» Des hôtes d’abord latins, constate notre interlocuteur, qui considère que Crans-Montana dispose encore d’une réserve importante de visiteurs sur le marché anglo-saxon.


L’atout famille

Autre point fort de la commune selon François Barras: c’est une destination famille. «Crans-Montana offre du bien-être pour toutes les générations. Avec un petit bémol pour la vie nocturne et partant les 15-30 ans, où notre offre n’est plus ce qu’elle était. Pour le reste, les seniors ont une station parfaitement accessible, même dans ses balades en altitude. Les parents, eux, y trouveront des espaces de jeux fantastiques pour les petits enfants.»

Alors, échec et mat à la concurrence? «La dimension nature et climat, l’animation urbaine à la montagne, la culture avec ses dizaines et dizaines d’événements, les facilités familiales: Crans-Montana a vraiment tout pour s’installer en haut de l’affiche.»


Le temps de l’écriture

Les mille et un engagements du président de Swiss Made Culture ne l’empêchent pas d’avoir toujours un projet sous le coude. «Cela fait quelques années déjà que j’aimerais trouver le temps d’écrire, sourit-il. Mais je devrais encore patienter un peu. Je commencerai sans doute par une adaptation, une mise à jour d’un livre sur l’histoire de Crans-Montana que j’ai publié jadis en compagnie de Marius Bagnoud. C’est important, car les jeunes générations ignorent tout ou presque de la vie de leurs aïeux. J’ai aussi dans mes tiroirs un projet de guide des balades de la région de Crans-Montana. Et puis, j’aimerais rédiger un ouvrage sur la Suisse et le Liban, deux pays que de nombreux ponts relient.»

Par Jean-François Fournier