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31.08.2023Tiffany Arafi: «Il n’y a pas meilleur endroit que Crans-Montana pour vivre le golf!»

Tiffany_Arafi

À 23 ans, Tiffany Arafi poursuit sa progression et son rêve olympique. Rencontre avec une jeune qui n’a peur de rien, pas même de la sclérose en plaques que la golfeuse de Crans-Montana combat avec courage et détermination.

Son patronyme, Tiffany Arafi le doit à son grand-père, algérien. Et sa passion du golf, à ses parents. «C’était notre activité le week-end ou en vacances. Tout le monde jouait, mon père qui avait toujours de l’avance, ma mère, ma petite sœur et moi.» Membre de l’équipe nationale Swiss Golf, la «pro» du Golf-Club Crans-sur-Sierre a pourtant failli connaître une autre destinée. «Jusqu’à 12, 13 ans, je courais deux lièvres à la fois: le golf et l’équitation. Comme j’étais déjà une perfectionniste, je me suis rendu compte alors qu’il me serait impossible de poursuivre les deux en visant l’excellence. J’ai donc choisi, ce qui veut dire j’ai décidé immédiatement de devenir golfeuse professionnelle et qu’un jour, je représenterais mon pays, la Suisse.»

 

Objectif Jeux olympiques

Pour satisfaire son ambition, Tiffany choisira la voie du sport-étude aux États-Unis, où le golf est à la fois prisé et bénéfice d’installation de qualité supérieure. Et pour la petite histoire, sa jeune sœur Anaïs marche désormais sur ses pas, avec exactement les mêmes objectifs. Tandis qu’elle-même vient de passer son Master en business en Caroline du Sud. Pas question chez les Arafi de bâcler une formation professionnelle.

Si elle se rappelle avec gourmandise de la Q-School LET (compétition particulièrement relevée où seule les vingt meilleures obtenaient leur carte pro 2023 et où elle devait terminer à la 13e place en 2022), c’est quand elle évoque l’équipe suisse et le rêve olympique que ses beaux yeux irradient: «Les Jeux, c’est le rêve de ma vie. Pour Paris, l’an prochain, ce ne sera pas facile puisque seules les deux premières au ranking sont retenues. Mais je vais me battre avec acharnement. Compte tenu de mon évolution et du travail que j’effectue avec mes coaches, l’objectif d’être olympienne – soit à Paris 2024, soit à Los Angeles en 2028 – est tout à fait réaliste.»


Honorée aux États-Unis

Il suffit de jeter un coup d’œil à son palmarès pour s’apercevoir qu’elle est loin de rêver éveillée. Jugez plutôt: triple championne suisse amateur, triple vainqueur du Mémorial Olivier Barras, 3e du ranking femmes amateurs de la prestigieuse NCAA (National Collegiate Athletic Association), et même, last but not least, nommée pour le titre NCAA de sportive féminine de l’année 2022. Et nul doute qu’avec son coaching staff (Steve Rey, Benoît Vendebille, Olivier Schmid) elle va réserver encore de belles surprises à ses fans comme à ses sponsors, ainsi qu’au Golf-club Crans-sur-Sierre et à la Fondation Gaston Barras qui l’épaulent avec enthousiasme. «Je peux de la sorte m’entraîner absolument quand je veux, qui plus est sur un beau parcours. C’est un énorme avantage. Et quand je dis beau, je pèse mes mots, comme l’ambassadrice de la station que je suis: cherchez donc dans le monde un golf de cette qualité à la montagne, à plus de 1500 mètres! Pas sûr que vous trouviez!»

 

Dompter la maladie

«La différence entre le possible et l’impossible se trouve dans la détermination.» Si elle a choisi cette magnifique citation de Gandhi pour illustrer le portrait de son site internet, c’est qu’une épée de Damoclès s’est installée sur sa tête il y a cinq ans déjà: la sclérose en plaques, une maladie chronique neurologique progressive qui touche le système nerveux central.

«Cela a été un grand choc. Mais c’est normal: quand on a 18 ans, on ne pense jamais à de pareils coups du sort. J’ai perdu une année dans mon golf, mais je crois que ça a augmenté encore ma volonté, ma détermination. Aujourd’hui, je travaille encore plus dur, même si je dois aussi soigner ma récupération lorsque j’enchaîne trop de compétitions, et surtout, veiller à mes heures de sommeil. Avec les médicaments bien ciblés que je prends, je suis stabilisée, j’ai la vie pour ainsi dire normale d’une golfeuse professionnelle.»

 

Quotidien studieux

Sa motivation et son sens de la compétition ne sont pas nées par hasard. «Elles sont inhérentes à ce jeu qui me passionne, explique Tiffany Arafi. En effet, je ne m’ennuie jamais au golf. Je découvre chaque jour ou presque un aspect nouveau, un défi intéressant, quelque chose à retravailler ou à améliorer.»

Son quotidien est des plus studieux: «Je cours pour soigner ma résistance physique, et ici, il y a des itinéraires fantastiques pour le jogging. Ensuite, je travaille aussi en intérieur au Centre Performance du Driving range, puisqu’en plus des simulateurs, il y a une belle salle de sport.» Outre ses coaches, Tiffany peut aussi compter sur le soutien de son compagnon: «Il me suit régulièrement sur les tournois. Il a été joueur de tennis pro, coach dans son domaine, et maintenant il travaille pour une société qui aide les athlètes qui veulent parfaire leur formation dans le milieu universitaire américain. Le fait qu’il connaisse toutes les problématiques de l’athlète pro constitue un vrai avantage pour moi.»

Chapitre finances, la triple championne suisse doit se montrer aussi tenace que sur les greens: «Si je prends en compte tous mes frais, dont ceux relatifs au coaching staff, on atteint des sommes bien supérieures au salaire moyen des athlètes suisses.» Dans le milieu du golf, au cours de notre enquête, on évoque souvent le coût d’une saison à six chiffres. Les ors olympiques sont à ce prix !

Par Jean-François Fournier