31.08.2022Christian Constantin: «Quand tu es Ayentôt, tu regardes Crans-Montana tous les jours»
Des palissades et des banderoles ont surgi à Crans-Montana avec un nom en grosses lettres qui en a surpris plus d’un: Christian Constantin. Mais que diable le président du FC Sion fait-il sur le Haut-Plateau? Que se passe-t-il dans ce grand trou aux Tsintres? Nouvel épisode de notre série «I love Crans-Montana» où CC parle de son projet de palace, et où il revient sur son parcours.
Crans-Montana, pour le président du FC Sion, ce sont d’abord des souvenirs d’enfance et de jeunesse: «Quand tu es Ayentôt comme moi, tu regardes la station d’en face, et tous les jours. Pour nous, c’était un symbole de richesse, de réussite, de jet-set, de loisirs, avec le ski, le golf et les établissements de nuit où l’on s’amusait le week-end dès qu’on avait 18 ans et un peu d’argent à dépenser.» Ce qu’il fait sans compter aujourd’hui: «Pour un promoteur comme moi, il y a le Crans-Montana des clientèles américaine, italienne ou d’ailleurs en Europe qui justifient tous mes investissements.»
L’odeur du béton et la transpiratoin des vestiaires
Avec un papa dans la pierre, Christian Constantin ne pouvait échapper à son destin. «J’ai été éduqué par deux choses, sourit-il, l’odeur du béton et celle de la transpiration dans les vestiaires. L’immobilier et lui, c’est une affaire qui roule. Un métier où il ne faut pas se tromper sur l’essentiel. Le sol et l’or sont les deux refuges de l’homme au fil de son histoire. L’immobilier ne peut donc pas se faire sans le sol. Alors, il faut être attentif et intransigeant s’agissant des emplacements.» Sa méthode? «Trouver les terrains qui réunissent absolument tous les avantages, que je bâtisse à Crans-Montana, Verbier, Saas-Fee, Lugano, Montreux ou dans le Lavaux. En Suisse, un promoteur doit être un généraliste. La taille du marché te conduit à bâtir de l’industriel, du résidentiel, du sportif, du culturel, du commercial. J’ai même fait de l’hospitalier!»
Lancé par «Facchi»
Et la recette fonctionne. Christian Constantin SA, c’est désormais plus de septante employés et quelque deux millions de mètres carrés construits depuis les années quatre-vingt. Grâce à des réalisations qui lui ont permis de se faire respecter loin à la ronde: réhabilitation de bâtiments historiques (datés de 1898 à 1910) sur la Riviera, les Terrasses du Lavaux, le siège du Groupe Mutuel ou le Cristal Centre à Martigny, les centres commerciaux de Rossfeld à Sierre, et tant d’autres encore.
Comme souvent dans la vie de l’actuel président du FC Sion, le football et les affaires se mélangent: «Quand j’étais pro au Xamax de Gilbert Facchinetti, les joueurs travaillaient encore le matin jusqu’en début d’après-midi. Moi, j’ai commencé mon job dans le groupe de construction de "Facchi". Il soumissionnait un peu partout le long de l’autoroute Berne - Châtel-St-Denis, et il faisait en plus l’acquisition de parcelles bien placées aux sorties. C’est moi qui remplissais toutes ces paperasses.» Plus tard, quand il se lance en Valais, Christian Constantin procède de la même façon. «Et c’est ce qui a assuré le développement de mon groupe.» L’inimitable boss du Xamax a souvent raconté les débuts de Constantin. Il avait coutume de dire, non sans gourmandise: «Christian a commencé comme apprenti chez moi et trois semaines après, il me donnait des ordres.»
Numéro 2 derrière Federer
Il en est peu fier, l’ami Christian, de son double parcours: «Le foot, c’est l’expérience de la vie. Dès les juniors, c’est un facteur d’intégration. Tu deviens quelqu’un au niveau local. Et plus tu progresses, plus l’intégration s’étend. Aujourd’hui, mon réseau issu du foot m’amène énormément de clients et le FC Sion m’offre une grande notoriété. Le "Blick" a calculé que j’étais à un certain moment le Numéro 2 médiatique en Suisse après Federer.»
Ses projets d’avenir? Le Palais du Clos de Chillon dans le très haut de gamme, juste au bout des vignobles du Château. L’Esplanade Léonard à Martigny, une parcelle que Gianadda lui a vendue et qu’il va mettre en valeur au cœur de Martigny. Et, last but not least, ses promotions de Crans-Montana!
Un palace aux Tsintres
À tout seigneur, tout honneur: le grand trou au Sud de la route des Tsintres! Dit ainsi, cela ne fait pas vraiment «high society». Pourtant, il s’agit là ni plus ni moins que du dernier palace en date en construction dans les Alpes: Le Guépard Palace (ndlr: il eût même été le premier depuis vingt-cinq ans s’il n’avait été devancé in extremis par le Four Seasons de Megève) : Et "CC" de définir l’animal: «Cinq étoiles, 160 chambres, quatre restaurants, spa, fitness et soins, le tout accompagné d’un complexe de résidences hôtelières comprenant 114 appartements.»
Ce Guépard n’a pas surgi de nulle part, comme le rappelle Christian : «C’est une histoire de quinze ans; Paul-Albert Clivaz présidait encore Randogne avant la fusion des communes. Il a fallu réunir beaucoup d’autorisations, monter une équipe au top. À la présidence de ma société, j’ai par exemple Jean-Jacques Gauer du Lausanne Palace, qui a grandi dans les couloirs du Schweizerhof. Et à la direction exécutive, André Seiler, le fils de, qui barbotait jadis dans ceux du Mont-Cervin Palace.»
Cap sur les Mondiaux de 2027
L’objectif, c’est bien entendu d’ouvrir en 2026 pour être opérationnels lors des Championnats du monde de ski alpin en 2027. «Avec l’espoir que ces mondiaux boostent le tourisme comme l’avaient fait ceux de 1987», insiste le promoteur dont la vision va bien plus loin puisqu’il est en train de créer un véritable groupe hôtelier: «La nature, le bon air, les lacs ont la cote. Et puis le Sud remonte, et ses atouts avec lui. Nous allons donc bâtir des établissements de luxe au bord du Lac Majeur, du Lac de Lugano, à Saas-Fee, dans le Lavaux au bord du Léman. Et évidemment à Crans-Montana.» Une brochette de projets qui approche les deux milliards de francs!
À noter encore que Constantin bichonne d’autres nouvelles promotions sur le Haut-Plateau, plus précisément sur l’ancien petit golf de Vermala. «Quelque chose de plus traditionnel, explique-t-il. De petits immeubles de style chalets, tous bien intégrés au quartier.»
Par Jean-François Fournier