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28.11.2019Sculptures de Marie Antoinette Gorret: les Montagneux sont arrivés à Crans-Montana

Élancés et spectaculaires, les Montagneux de Marie Antoinette Gorret accompagnent les piétons de l’avenue de la gare de Crans-Montana.

Les travaux de réaménagement de l’avenue de la gare de Crans-Montana sont achevés à temps pour la saison d’hiver. Le projet du bureau sédunois dv architectes & associés, lauréat du concours d’urbanisme lancé par la commune en 2014, fait la part belle au vivre ensemble.

La rue s’ouvre sur une place spacieuse et tranquille, invitation à prendre le temps de regarder le paysage en compagnie des Montagneux de l’artiste valaisanne Marie Antoinette Gorret. Apparus en cours de projet, ils étaient tout d’abord nombreux et disséminés au long de l’avenue. Farouches, ils se sont faits plus rares. Et ils ont grandi pour se mettre au diapason de leur cadre naturel. Désormais, ils veillent sur les promeneurs.

Un ensemble monumental

Les Montagneux… Leur nom commence comme montagnard et se termine comme audacieux, mais il rime aussi avec majestueux. Et ils sont tout ça à la fois! Ils évoquent aussi bien la rudesse des paysages alpins que leur beauté brute. Abstraits, ils sont cependant identifiables au premier coup d’œil : des épures de bouquetins dans des attitudes terriblement humaines.

Le talent de Marie Antoinette Gorret, c’est de nous emmener là où on ne savait pas que l’on voulait aller.

Après avoir détourné des supports comme l’affiche ou le tapis, elle prend possession d’une rue. À la commande d’un mobilier urbain pour Crans-Montana, elle répond par une œuvre monumentale, seule à même de dialoguer avec la couronne impériale qui lui sert d’arrière-plan: sept Montagneux de bronze, immenses, élancés, superbes de prestance.

Au fil des années, l’œuvre de Marie Antoinette Gorret se construit autour d’une déambulation. Elle a partie liée avec la marche. Il fallait ralentir le pas dans la rue pour décoder les images poétiques de ses affiches, puis baisser la tête pour lire ses tapis-messages. Aujourd’hui, sans un mot, elle incite à lever les yeux et à reconnaître en eux une part humaine, à accepter en nous une part animale, à nouer un dialogue en tous cas.

Des créatures croisées

Thérianthropes qui empruntent au bouquetin ses cornes si caractéristiques, les Montagneux symbolisent la fierté humaine de vivre dans l’espace alpin et la force de la faune qui en fait intimement partie. L’artiste a voulu ce mélange de l’homme et de l’animal pour magnifier ce que l’on ressent en montagne. Au nombre de sept, leurs attitudes évoquent différentes émotions: la curiosité, l’étonnement, la tendresse, l’espièglerie, la complicité, la fierté et la contemplation. A les voir dans la rue, on dirait une danse immobile, où la force n’exclut pas la grâce et où l’harmonie naît de la grandeur.

«Je ne sais pas dire ce que je fais, parce que je ne cherche pas à mettre des explications. Ça ne vient pas de ma tête, c’est plutôt une question d’énergie vitale» explique Marie Antoinette.

Et pourtant quand on lui demande pourquoi, parmi tous les habitants de l’altitude, elle a choisi les bouquetins, la réponse fuse, spontanée. «Parce qu’ils portent le poids des années avec prestance. Plus ils sont vieux, plus ils sont forts et beaux… et ça se voit!»

Un symbole de fraternité

Très vite, l’animal a disparu pour laisser la place au Montagneux. Ils ont chacun leur personnalité. Ils forment un groupe, tout en étant des individus uniques. «Ils ont l’esprit de famille», sourit l’artiste qui les a faits naître. Elle confie qu’elle peut presque les entendre parler. Et on a bien envie nous aussi, de nous asseoir à leur côté pour partager un moment d’intimité avec la montagne qu’ils incarnent.

(Texte: Anne Bourban)