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12.08.2022Drone de nuit: la Commune de Crans-Montana veut réduire la pollution lumineuse et photographie son territoire

On le sait, passer du temps sur son téléphone portable avant d’aller dormir, c’est prendre le risque d’insomnies: la lumière bleue qu’il dégage est un vrai bol de caféine! Cette lumière court-circuite notre cerveau. Alors, imaginez l’impact de nos éclairages nocturnes sur la faune, et même la flore! Les insectes souffrent, leur sens de l’orientation est perturbé face à l’éclairage artificiel. Ils tournoient autour d’un candélabre jusqu’à épuisement. Parce qu’elle veut réduire la pollution lumineuse, la Commune de Crans-Montana fait photographier son territoire. Et la méthode est une première, grâce à l’utilisation d’un drone.

 

De plus en plus de villes éteignent ou baissent leur éclairage nocturne, sans pour autant affecter la sécurité dans les rues. La Commune de Crans-Montana est la première collectivité à faire un diagnostic de son territoire grâce à des images prises par drone. «J’ai développé ce système au début 2020 chez OIKEN, avec un collègue, Michel Blanc, pilote de drone, raconte l’ingénieur Arnaud Zufferey. D’abord on détermine la zone à photographier et le plan de vol. Puis, entre 22 et 23 heures environ, on se rend sur place avec le drone. Dans les airs, l’appareil se met en vol stationnaire pour prendre chaque photo (on en fait entre 600 et 800 par nuit).»

 

Repérer les problèmes

De retour au bureau, grâce à un logiciel, on obtient une orthomosaïque qui corrige l’angle de vue, les distorsions et les différences de terrain. Ensuite, Arnaud Zufferey prend son vélo et, de nuit, se rend sur les endroits où les photos ont démontré qu’il y a un problème potentiel. «C’est comme ça que j’ai pu constater que, dans une rue, une lampe au sodium avait été oubliée au moment du changement des ampoules.»

 

Le drone: une excellente solution

« Avec notre technique, nous sommes des précurseurs, confie Arnaud Zufferey. Genève a réalisé une vue aérienne par avion, Neuchâtel avec un hélicoptère : la solution avec un drone est beaucoup moins chère et permet des photos de très grande précision. »

Au final, en superposant les images avec le plan de l’éclairage public, on peut percevoir des choses à corriger, comme ce double luminaire à Corin qui éblouit l’automobiliste sur la route cantonale plutôt que de sécuriser le passage pour piétons. Les études de trafic montrent que le flux des automobiles baissent considérablement dès 18 h 30: c’est ce que confirme la Police grâce aux données recueillies par les appareils de mesure de vitesse posés dans nos localités.

 

Définir une trame noire

Mais l’objectif principal de ce mandat confié à Arnaud Zufferey et au biologiste Antoine Sierro (auteur de «La lumière nuit»), c’est de définir une trame noire: ces corridors non éclairés entre les habitats de la faune sont essentiels. Antoine Sierro mettra l’orthomosaïque en relation avec les données connues sur les espèces nocturnes vivant sur notre territoire. Cette étude, dont les résultats seront remis à la Commune de Crans-Montana à l’automne, proposera la marche à suivre pour créer une trame noire.

À l’heure où le trois quarts du territoire avait été photographié et avant même que le biologiste ne se lance dans son analyse, Arnaud Zufferey pouvait déjà l’affirmer: l’éclairage public est responsable chez nous de 99% de la pollution lumineuse. Le réduire à certaines heures permettrait, aussi, d’importantes économies: «La facture de l’éclairage public pour la Commune de Crans-Montana était l’an passé de 87'000 francs. Si on réduit ou éteint entre 1 heure et 5 heures du matin, on pourrait économiser environ 30'000 francs. Cette somme permettrait d’assainir une soixantaine de luminaire sur le domaine public.» Outre l’éclairage public le long des routes, les pincipales sources lumineuses nocturnes sont le fait des stations-services.

Les privés aussi!

Les particuliers aussi ont la possibilité d’intervenir pour réduire la pollution lumineuse: il n’est pas nécessaire d’éclairer son jardin durant la nuit, de même les vitrines des boutiques pourraient être éteintes une fois que plus personne ne passe dans la rues, entre minuit et le lever du jour: c’est aussi une occasion de réduire la facture de l’électricité!