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31.01.2023Dangers naturels : «Crans-Montana compte peu de zones à risques»

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La Commune de Crans-Montana peut compter sur des observateurs de dangers naturels très motivés et bien formés au niveau cantonal. Pour eux, la population d’ici ne court pas de grands risques, même si la prudence est toujours de mise, notamment en hiver au vu de l'augmentation nombre de sportifs pratiquant le hors-piste. Tour d'horizon d'une activité peu connue.

Quand on skie en altitude ou qu’on marche en montagne, sur un glacier ou le long d’un torrent, on profite du décor et du grand air. Mais trop souvent, on ignore les risques qui guettent. Pourtant, le Canton du Valais dépense quelque 55 millions chaque année pour protéger les personnes et les biens contre les dangers naturels. Ces dépenses se répartissent ainsi: 

  • 6 millions pour l’appui à la gestion des risques
  • 3 millions contre les avalanches
  • 5 millions contre les dangers géologiques et pour les ressources du sous-sol (subventions aux communes)
  • 13 millions pour les cours d’eau latéraux (subventions aux communes)
  • 25 millions pour la troisième correction du Rhône, cofinancement de la part de la Confédération notamment (67%)
  • 3 millions pour le fonctionnement du Service des dangers naturels 35 personnes, hors Rhône3

L’argent est une chose, la prévention une autre, indispensable. En témoigne le réseau de 120 observateurs des dangers formés en continu dans tout le canton, et chargés d’anticiper le pire. Le profil de ces spécialistes est clair: être attaché à sa région et connaître le terrain comme sa poche. On retrouve parmi eux des guides de montagne, des chasseurs, des forestiers, des scientifiques. Comme d’autres, la commune de Crans-Montana s’appuie sur un dispositif très efficace d’observateurs des dangers naturels, qu’elle finance à 70% avec les subventions, à parts égales du Canton et de la Confédération. 

  

Le déclic après la terrible année 1999

Responsable remplaçant pour l’hiver à Crans-Montana, Vincent Bettler précise: «C’est surtout après la terrible année 1999, qui a vu plus de 1000 avalanches dans les Alpes suisses (réd.: 1400 exactement selon l’Institut d’études de la neige), dont la terrible tragédie d’Evolène, avec douze morts, que la Confédération et les cantons ont passé la vitesse supérieure s’agissant de l’observation et de la prévention des dangers naturels. Aujourd’hui, on a des matrices de réflexion et d’action. On sait quelles mesures prendre et, cela fait partie de notre job, on a à l’œil toutes les zones à risque où se trouve du bâti susceptible d’accueillir la population.»


En rouge, danger d'avalanche fort; en bleu danger moyen et en jaune danger faible.

 

Le risque zéro n'existe pas

Pour Fabrice Meyer, chef hiver de Crans-Montana, il faut commencer cette discussion en rappelant que le risque zéro n’existe pas et que la nature ne se maîtrise pas. «Mais ici, précise-t-il, on a la chance de pouvoir collaborer avec le service de sécurité de la société de remontées mécaniques CMA SA, de vrais pros. On partage nos observations et on gère la problématique des avalanches sur le domaine skiable en bonne entente.» 

Vincent Bettler ajoute: «Je constate une augmentation du nombre de gens qui pratiquent le hors-piste, idem pour les adeptes de la randonnée. Et surtout, je vois bien à leur contact que la plupart ont l’impression d’être dans une zone sécurisée lorsqu’ils skient ou se promènent en raquette. Or, on a quand même eu cinq ou six fois des avalanches qui dépassent les limites de risques. Il faut donc rester vigilant, d’autant plus que les cartes de dangers évoluent sans cesse.» La prudence reste donc indispensable à chaque fois que l'on est en montagne.


Des routes fermées temporairement

«S’agissant des routes, informe Fabrice Meyer, on sait quasiment à l’avance lesquelles il faudra fermer temporairement en raison du risque d’avalanche. Ce sont principalement la route des Mayens, la route de Plumachit, parfois la cantonale vers Aminona.» Sa méthode de travail repose d’abord sur l’information, puis sur l’observation directe: «On a accès à une vingtaine de stations météo et on complète par les prévisions de MeteoNews et de MétéoSuisse. Cela nous donne une bonne vision de départ de l’enneigement. Ensuite, on va sur le terrain, soit en utilisant les remontées mécaniques qui nous conduisent vers les zones de départs potentiels de coulées, soit en hélicoptère s’il faut atteindre un point non desservi par CMA.»

Lorsqu’on lui demande s’il existe des risques précis sur le territoire communal, Fabrice Meyer se fait très rassurant: «On a peu de biens vraiment exposés ici. Il y a essentiellement quelques mayens dans la zone d’Aprilly, et on avertit leurs propriétaires en cas de risques imminents.»



Et les dangers de l’été?

Observateur responsable côté été, Niels Emery visite régulièrement, comme ses collègues en charge de l’hiver, les endroits clés, et parle souvent avec les gens de la commune qui ont l’habitude de s’y promener: «Ce sont eux qui sont les premiers à voir bouger un paysage, alors ils m’alertent et je fais aussitôt mesures et observations. Mon job a deux facettes. D’une part l’hydrologie, avec les pluies abondantes et les torrents. Et d’autre part la géologie, avec les glissements de terrain. Dans ce cas, j’active le lien avec le géologue cantonal afin d’examiner si des minages ou divers travaux sont nécessaires. En fait, la population peut se montrer sereine : le Canton a mis en place des yeux partout, et des yeux bien réveillés puisqu’on se rencontre chaque année et qu’on se tient au courant de toutes les nouveautés dans notre domaine.»

«Le dispositif cantonal fonctionne bien, insiste Niels. Et l’État se montre très satisfait de la mise en place des observateurs en 2019. Du point de vue communal, même si nous avons un très grand domaine à tenir sous observation, il y a peu de situations qui nous mettent vraiment en grand danger. Qu’importe, de toute façon, on reste vigilant en permanence. À titre d’exemple, j’effectue chaque année un survol en hélicoptère de nos torrents pour voir si leur typologie est stable. Au besoin, on peut aussi faire des travaux pour éviter tout risque de débordement.»

Jean-François Fournier


Pour l'observation des dangers hivernaux, Fabrice Meyer et Vincent Bettler sont employés de la Commune de Crans-Montana; ils sont rattachés au service Environnement et énergies. Niels Emery est quant à lui engagé par l’ACCM (à noter qu'il n'y a pas de dangers en hiver sur les territoires d'Icogne et Lens).

Au niveau hydrologique, les collaborateurs des Travaux Public de la Commune de Crans-Montana sont également très actifs sur le terrain et peuvent signaler les différents problèmes constatés.