header

11.06.2019Ancienne Cécilia: joyau d’un âge d’or valaisan

acecilia

championne en titre, l’Ancienne Cécilia a remporté le concours cantonal des brass bands à Naters. La formation de Chermignon règne sans partage alors que le niveau de la musique de cuivre n’a jamais été si bon.

Avec nonante-neuf points sur cent, l’Ancienne Cécilia a effleuré la perfection lors du morceau libre. «Le jury a vraiment dû aimer la pièce», confie, laconique, le directeur dans un sourire. Arsène Duc ne veut pas s’étendre sur la performance de ses musiciens, préférant les remercier pour leur engagement. Sa formation conserve son titre de champion valaisan acquis il y a cinq ans. L’Ancienne Cécilia cumule aussi les deux derniers titres nationaux.

«Intouchables»

Avant la proclamation des résultats, sous la pluie de Naters, où se tenait la fête cantonale des musiques valaisannes, Arsène Duc était d’ailleurs le seul des six directeurs du niveau Excellence à ne pas pronostiquer sa victoire: «Dans un concours, rien n’est acquis et chaque ensemble peut gagner. C’est un éternel recommencement.» Il ne le savait pas encore, mais sur les deux morceaux joués en matinée, il avait renvoyé ses adversaires à plus de huit points sur les deux cents possibles, un fossé.

«C’est beaucoup», confie Etienne Mounir, directeur de l’Echo des glaciers de Vex, qui termine deuxième. «Nous avons fait deux belles performances, mais c’est très difficile de les battre.» Pour le directeur de la Lyre de Conthey, troisième, l’Ancienne Cécilia est intouchable actuellement, «On peut toujours espérer, mais nous savions que la première place serait compliquée à gagner. Chermignon survole le concours», admet Frédéric Théodoloz.

Formation Excellence

La continuité dans les performances de l’Ancienne Cécilia est d’autant plus remarquable que le niveau des fanfares valaisannes n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies. Au pied du podium, mais à quelques dixièmes de Vex et de Conthey, la Concordia de Vétroz a gagné quatre fois de suite entre 1995 et 2009. «A l’époque, c’était moins disputé, il n’y avait que deux ou trois formations en catégorie Excellence», reconnaît son directeur, Bertrand Moren.

Membre du jury dans cette catégorie et directeur du Paris Brass Band, Florent Didier salue la performance des six concurrents. «Les pièces jouées sont parmi les plus difficiles et le challenge est relevé. Aucune formation n’est hors sujet.»

Presque pro à 18 ans

Pour expliquer cette progression, la qualité de la formation est citée en exemple. La plupart des fanfares se sont dotées d’écoles de musique, ont engagé des professeurs qualifiés. «Il y a trente ans, dès qu’un enfant savait monter une gamme, on l’intégrait», caricature Bertrand Moren. Aujourd’hui la formation est structurée et professionnelle et, s’il a bien travaillé, un musicien de dix-huit ans est quasiment professionnel. «J’ai vu beaucoup de jeunes sur scène et des très jeunes parfois. C’est incroyable d’arriver à ce niveau de performance global avec des amateurs», relève Florent Didier.

La qualité appelle la qualité et les défis la magnifient. Depuis quelques années, des formations valaisannes obtiennent des résultats à l’international. Vice-champion d’Europe et champion du monde dans les années 2000, le Brass Band 13 Etoiles a ouvert la voie. En 2018, c’est le Valaisia qui a brillé en gagnant le titre continental. Cette émulation tire toutes les formations vers le haut. Et ce d’autant plus que les rivalités et les concours sont dans les gênes des musiciens valaisans.

La fanfare est une tradition cantonale, solidement ancrée dans les villages. «La musique de cuivre vient de très loin, du politique, des familles. Il y a toujours eu cette saine concurrence entre les fanfares», souligne Frédéric Théodoloz. L’aspect politique s’est aujourd’hui atténué, mais les rivalités demeurent et la qualité explose. Arsène Duc souligne que «tout le niveau des ensembles valaisans augmente, y compris dans les catégories inférieures où un travail impressionnant est également réalisé.» Bertrand Moren n’hésite pas à parler d’un «âge d’or».

Un groupe fusionnel

Joyau de la période actuelle, l’Ancienne Cécilia cultive tous ces éléments. «A Chermignon, ils ont une longue tradition, peut-être plus ancrée qu’ailleurs, et un noyau dur de musiciens très doués qui reste en place année après année», analyse Frédéric Théodoloz. Directeur de l’Ancienne Cécilia depuis 1988, Arsène Duc ne dit pas autre chose: «Nous avons une grande stabilité. Notre groupe est cohérent, presque fusionnel.»

Source : Nouvelliste par Par Alexandre Beney